Par le biais de l'Accord de Paris, la Belgique s'est engagée à atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre de zéro d'ici 2050. En raison de la densité de sa population et de son économie industrialisée, les émissions par habitant de notre pays sont parmi les plus intenses d'Europe (7e rang pour le CO2 par habitant sur 27 pays de l'UE).
Dans son dernier rapport, McKinsey & Company fournit une analyse approfondie du potentiel de la Belgique à atteindre cet objectif et à poursuivre une croissance verte. Il examine les actions et les investissements significatifs qui sont nécessaires dans tous les secteurs pour que la Belgique puisse relever ces défis. Dans le même temps, il examine les opportunités commerciales significatives que la transition vers le net-zéro pourrait créer pour les entreprises belges et l'économie en général.
Comme nous sommes très attachés au rôle que la construction peut jouer dans cet objectif vert, nous avons rassemblé les principales conclusions du rapport sur l'environnement bâti. A vous de les découvrir !
Une voie belge vers l'énergie net-zéro : augmenter l'offre d'énergie domestique
La Belgique pourrait connaître une réduction significative de sa dépendance énergétique vis-à-vis des pays étrangers : aujourd'hui, la Belgique ne fournit que 5 % de ses besoins énergétiques nationaux, mais elle pourrait devenir autosuffisante à hauteur de 50 % si elle suivait la voie de la consommation nette zéro telle que modélisée dans le rapport. En augmentant l'utilisation des sources d'énergie renouvelables grâce à un développement maximal de la capacité de production solaire et éolienne et à la mise en œuvre de nouvelles mesures d'efficacité énergétique.
Quels sont les changements nécessaires pour que l'environnement bâti s'engage sur cette voie ?
Les rénovations énergétiques profondes entraînent une réduction de la consommation d'énergie de plus de 60 % ou contribuent à l'obtention de la certification A. Cet objectif pourrait être atteint grâce à une meilleure isolation et au passage des sources d'énergie fossile à la technologie des pompes à chaleur et au chauffage urbain. Il s'agit d'une entreprise de grande envergure, car les bâtiments belges ont tendance à être plus grands, plus anciens et moins bien isolés que le parc immobilier de certains autres pays européens, et les centres-villes historiques et denses ajoutent à la complexité de cette entreprise.
Principaux facteurs de réduction pour 2030 dans le secteur du bâtiment
- Environ +30% des unités de construction sont hautement isolées
- Environ 20 % des bâtiments équipés d'une pompe à chaleur
Le marché total de la rénovation énergétique pourrait doubler, tandis que le rythme des rénovations énergétiques profondes nécessaires pour obtenir une certification A devrait être multiplié par 25 d'ici 2030, passant d'environ 10 000 unités de construction par an aujourd'hui à 250 000. Cela entraînerait une augmentation massive de la demande en matériaux de construction et en ressources humaines. En outre, il faudra innover pour mettre au point des matériaux et des méthodes de construction plus écologiques, plus productifs, moins invasifs et plus abordables. La formation et l'éducation devront également être adaptées dès aujourd'hui..
"Atteindre le zéro net nécessitera un investissement supplémentaire cumulé d'environ 415 milliards d'euros, principalement pour décarboniser les bâtiments et l'électricité.
- Compte tenu de l'importance de l'investissement supplémentaire nécessaire dans les bâtiments, y compris les logements résidentiels, environ 45 % du total des dépenses supplémentaires seraient supportées par les ménages ; les consommateurs supporteraient également une partie du coût d'investissement des transitions en matière d'électricité et de transport. .
- Les entreprises supporteraient environ 40 % de l'investissement dans l'ensemble des secteurs.
- Les investissements des fournisseurs d'infrastructures centrales dans les secteurs de l'électricité, des transports et de l'industrie représenteraient les 15 % restants.
Le point d'action pour les bâtiments : transition des ménages vers des logements économes en énergie et à faibles émissions
McKinsey a défini cinq points d'action principaux sur la voie du net-zéro. L'un d'entre eux est la transition des ménages belges vers des bâtiments économes en énergie et à faibles émissions, de manière abordable et réalisable. Le défi est double : d'une part, l'ampleur des travaux de rénovation, de reconstruction et de construction nécessaires et, d'autre part, l'investissement substantiel des ménages associé à la rénovation, à la reconstruction ou à la construction de nouveaux bâtiments. .
Différents outils peuvent aider à mettre en place cette transition :
- Commercialiser de nouvelles technologies, telles que les pompes à chaleur, à un prix abordable.
- Fournir des prêts verts à long terme pour les reconstructions et les rénovations énergétiques, y compris l'ajout d'isolation.
- Soutenir des mécanismes réglementaires et des incitants solides pour garantir des reconstructions rapides et complètes, ainsi que des rénovations abordables pour les ménages belges..
- La capacité des contractants devrait également augmenter, ce qui implique un défi considérable en matière de ressources humaines et de formation.
Il est nécessaire de multiplier par 25 les rénovations énergétiques profondes pour que l'ensemble du parc immobilier obtienne des certificats de performance énergétique de niveau A d'ici à 2050.
Saisir les opportunités de croissance verte : investir dans les rénovations énergétiques profondes
La transition mondiale vers le développement durable offre des opportunités de croissance verte, y compris pour les acteurs belges. Si l'ampleur de la transition de la Belgique vers le développement durable peut sembler impressionnante, le pays a également le potentiel d'exploiter de nouvelles sources de croissance verte. Pour les bâtiments, cela signifie développer des modèles de service pour les rénovations énergétiques profondes des bâtiments.
Dans d'autres pays européens, et pas seulement en Belgique, les bâtiments devront également faire l'objet d'importants travaux de rénovation, de reconstruction ou de nouvelles constructions pour atteindre les objectifs de consommation nette zéro, ce qui ouvre la perspective d'un nouveau secteur de croissance spécialisé dans la rénovation et la reconstruction des bâtiments. Rien qu'en Belgique, le potentiel de modernisation dans le cadre de l'objectif zéro net représente un investissement cumulé de 400 milliards d'euros entre 2023 et 2050 (dont 210 milliards d'euros supplémentaires), soit environ 16 milliards d'euros par an entre 2030 et 2050. Cela représente une opportunité pour les entreprises, en particulier les pionnières, de développer des offres de services qui répondent à ces nouveaux besoins du marché.
Récapitulons les principaux enseignements du rapport McKinsey pour les bâtiments
- 240 millions d'unités de construction en Europe (dont 5,5 millions en Belgique) auront besoin d'une combinaison d'améliorations énergétiques et de reconstructions pour atteindre les ambitions de zéro net en 2050..
- Une décarbonisation ordonnée sera un défi en raison de la complexité du paysage des parties prenantes. Les parties prenantes doivent décider rapidement des changements nécessaires et des investissements dans les nouvelles technologies.
- L'augmentation de l'isolation est une condition préalable à la décarbonisation des bâtiments belges et pourrait réduire les besoins en chauffage du pays de plus de 2,5 fois d'ici à 2050.
- La transition des ménages belges vers des bâtiments à haut rendement énergétique et à faibles émissions est l'une des cinq actions les plus importantes qui seront nécessaires.
- Le passage du chauffage à base de combustibles fossiles à l'électrification, aux biocarburants et au chauffage urbain sera essentiel pour la décarbonisation du parc immobilier.
- Il est nécessaire de multiplier par 25 les rénovations énergétiques profondes pour que l'ensemble du parc immobilier obtienne des certificats de performance énergétique de niveau A d'ici à 2050. Il faut passer de 10 000 à 250 000 unités par an le plus rapidement possible.
- Le marché de la rénovation énergétique va presque doubler dans l'Union européenne. Il passera de 210 milliards d'euros par an à 380 milliards d'ici à 2030. Pour mettre les choses en perspective, cela équivaut presque au marché des véhicules électriques en 2030.
- La Flandre a imposé des rénovations obligatoires et augmente progressivement les objectifs de performance jusqu'à l'obtention d'une étiquette A pour les bâtiments vendus à partir de 2040.
- Les décisions relatives aux investissements structurels devront être prises rapidement - au cours des deux prochaines années environ - compte tenu du délai entre la décision de construire une capacité et le début des opérations